L'Évangile selon Jean. Complet [ FR ]

             L'Évangile selon Jean             




Introduction à l'Évangile selon Jean



L’Évangile selon Jean (en grec Τὸ κατὰ Ἰωάννην εὐαγγέλιον, To kata Iōánnēn euangélion) est le dernier des quatre Évangiles canoniques du Nouveau Testament. La tradition chrétienne l'a attribué à l'un des disciples de Jésus, l'apôtre Jean, fils de Zébédée.

Cette hypothèse est aujourd'hui rejetée par la plupart des historiens, qui voient dans ce texte l'œuvre d'une « communauté johannique » ou d'une « tradition johannique » - dont les contours et la proximité avec les évènements décrits font débat - au sein de laquelle il aurait été composé à la fin du ier siècle ; les théologiens, eux, sont divisés sur le sujet.

Cet évangile se démarque des trois autres évangiles canoniques, dits « synoptiques », par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources.

Dans la doctrine trinitaire, l’Évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce implicitement la divinité de Jésus dont il fait le « Logos » incarnén .

Structure et plan

La richesse du quatrième évangile a suscité parmi les exégètes une grande variété de découpages ou de plans. Néanmoins, une majorité de ceux-ci s'accordent sur un découpage en deux temps, introduit par un prologue et terminé par un épilogue.

L'évangile est ainsi constitué d'un prologue — qui commence par le célèbre « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. » — et d'un épilogue. Ce prologue et cet épilogue encadrent le récit proprement dit, composé de deux grandes parties : respectivement la révélation du Christ devant le monde et la révélation du Christ devant ses disciples, que l'exégète Raymond E. Brown appelle le livre des Signes (ou miracles) et le livre de la Gloire.

La première partie (du chapitre 1:6 au chapitre 12) raconte le ministère public de Jésus depuis son baptême par Jean le Baptiste jusqu'à son arrivée à Jérusalem. Cette première partie insiste sur sept miracles (« signes ») de Jésus. 

La deuxième partie (chapitres 13-21) présente les dialogues de Jésus avec ses principaux disciples (13-17) et décrit sa passion, sa crucifixion et ses apparitions aux disciples après sa résurrection (18-20).

Selon Raymond E. Brown, l’Évangile selon Jean peut se décomposer comme suit :

- Prologue (1,1-18)
- Première partie : le Livre des Signes (1,19 – 12,50)
- Les jours d'ouverture de la révélation de Jésus (1,19–51)
- Témoignage de Jean Baptiste
- Venue des disciples de Jean à Jésus
- De Cana à Cana (2,1 - 4,54)
- Premier signe à Cana (Noces de Cana) (2,1-12)
- Purification du Temple de Jérusalem (Expulsion des marchands du Temple) (2,13-25)
- Nicodème (3,1-21), témoignage final de Jean Baptiste (3,22-36)
- Jésus et la Samaritaine (4,1-42)
- Second signe à Cana (guérison du fils d'un fonctionnaire) (4,43-54)
- Jésus et les principales fêtes juives (5,1 -10,42)
- Le sabbat (5)
- La Pâque (6)
- La fête des Tentes (7-8)
- Suite des Tentes (9,1 - 10,18)
- Fête de la Dédicace 10,22-42 : Jésus est consacré à la place de l'autel du Temple de Jérusalem
- Vers l'heure de gloire et de mort (11,1 - 12,36)
- Résurrection de Lazare et condamnation à mort de Jésus (11)
- Préparatifs à la Pâque et à la mort (12,1-36)
- Conclusion du Livre des Signes (12,37-50)
- Deuxième partie : le Livre de la Gloire (13-20)
- Dernier repas de Jésus (13-17)
- La Cène, le Lavement des pieds, la trahison de Judas (13)
- Discours d'adieux (14-16)
- Prière sacerdotale (17)
- Récit de la Passion (18-19)
- Résurrection de Jésus (20,1-29)
- Conclusion de l'évangile (20,30-31)
- Épilogue, apparitions du ressuscité, deuxième conclusion (21)


Attribution du texte

Ni le nom de l'auteur, ni celui de l'apôtre Jean — un des principaux disciples dans les évangiles synoptiques et dans les Actes des Apôtres — n'apparaissent dans le quatrième évangile . Du chapitre 1 au chapitre 20, il n'y a d'ailleurs aucune mention d'auteur. C'est seulement dans l'épilogue du texte, au chapitre 21, qu'il est question d'un « disciple bien-aimé » qui en serait l'auteur. S'est dès lors posé le problème de l'attribution du texte qui s'inscrit dans le cadre plus large de l'attribution des différents écrits johanniques, dans un débat qui reste nourri.

C'est dans la seconde moitié du iie siècle que le quatrième évangile se répand sous le titre d'« évangile selon Jean ». Depuis cette époque, pour la tradition chrétienne, l'auteur en est l'apôtre Jean, fils de Zébédée.

Pour la plupart des chercheurs modernes l'auteur — ou les auteurs — est un inconnu, non contemporain de Jésus, relevant de la tradition du « disciple bien-aimé » et appartenant à une école d'écrivains johanniques ou une « tradition johannique » dont les contours et l'histoire sont objets de débats. Mais, si pendant longtemps une majorité des exégètes contemporains ont renoncés à l'attribution de l'évangile à un témoin oculaire - et particulièrement à Jean de Zébédée, depuis le début du xxie siècle, un nombre croissant d'exégètes défendent l'hypothèse d'une liaison entre le milieu de la rédaction de l'évangile et un ou plusieurs témoins oculaires des évènements que le texte rapporte.

Néanmoins, si l'identification de l'auteur a longtemps cristallisé l'essentiel de la question johannique — attribuer la rédaction à l'apôtre Jean devait assurer le crédit du texte —, cette question a perdu depuis la fin du xxe siècle son caractère central car « le critère de l'apostolicité n'est plus déterminant dans l'évaluation de l'autorité théologique d'un récit néotestamentaire ».

Le « disciple bien-aimé »

L'expression « le disciple que Jésus aimait » ou « le disciple bien-aimé », est utilisée à plusieurs reprises dans l’Évangile selon Jean — alors qu'elle n'apparaît dans aucun autre texte du Nouveau Testament — pour désigner un disciple anonyme de Jésus de Nazareth.

Lors de la Cène, c'est le disciple bien-aimé, qui, « couché sur le sein de Jésus », lui demande qui va le trahir. Lors de la crucifixion, Jésus confie sa mère Marie au disciple bien-aimé, en disant : « Femme, voici ton fils », puis au disciple « Voici ta mère ». Quand Marie-Madeleine découvre le tombeau vide, elle court le dire au « disciple bien-aimé » et à Pierre. C'est le premier à atteindre le tombeau. C'est encore lui qui le premier reconnaît Jésus au lac de Tibériade après sa résurrection.

Enfin, l'évangile s'achève sur deux versets qui identifient ce « disciple bien-aimé » à l'auteur dans ce qui constitue l'épilogue de l'évangile . L'interprétation traditionnelle voit dans le passage à la première personne l'opportunité d'identifier l'auteur de l'évangile avec « le disciple que Jésus aimait ».

Trois approches ont eu ou ont cours vis-à-vis de ce « disciple bien-aimé » :

Une première approche consiste à l'assimiler à un personnage connu des textes néotestamentaires, à l'instar de ce que suit la tradition chrétienne avec Jean, fils de Zébédée — ou « Jean le Zébédaïde » — ou encore, quoiqu'assez rarement, avec Lazare, Jean-Marc , Thomas ou encore Marie-Madeleine ;

Dans une autre approche, des exégètes ont considéré ce « disciple bien-aimé » comme un personnage symbolique incarnant une manière de disciple parfait ;

Une troisième approche envisage le « disciple bien-aimé » comme un personnage secondaire du ministère de Jésus qui, de ce fait, n'aurait pas été évoqué par les synoptiques mais qui aurait pris de l'importance à travers la communauté johannique — qu'il a pu fonder — laissant à travers le quatrième évangile le portrait d'un personnage idéal, plus proche de Jésus par l'amour que Pierre lui-même.
Suivant Brown, ce « disciple bien-aimé », qui serait le témoin oculaire sur lequel l'évangile attire l'attention au pied de la croix, pourrait être la source de la tradition du quatrième évangile, dont l'évangéliste — qui parle de lui à la troisième personne  — serait un disciple, le ou les rédacteurs ultérieurs étant peut-être d'autres disciples relevant de l'« école johannique ». Par ailleurs, l'ajout du chapitre 21 par quelqu'un qui n'est pas l'auteur du corps du texte semble témoigner d'une tentative pour identifier Jean, fils de Zébédée au « disciple bien-aimé ». Dans ce chapitre , le dialogue entre Jésus et Pierre présuppose la mort du « disciple bien-aimé » qui ne peut de la sorte être l'auteur de l'intégralité du quatrième évangile.

Avec la suscription attribuant le texte à une personne nommée « Jean », un ajout secondaire mais relativement ancien , il est vraisemblable que le cercle des éditeurs johanniques, à l'instar de la tradition, envisageait l'apôtre Jean, mettant ainsi le « disciple bien-aimé » en relation avec le cercle des disciples proches de Jésus et garantissant de la sorte son autorité.

Le « disciple bien-aimé » a souvent lui-même été identifié à Jean, fils de Zébédée, l'un des Douze apôtres. Mais des historiens comme Oscar Cullmann ont distingué deux Jean, l'apôtre et l'évangéliste, ce dernier étant identifié dans ce cas au « disciple bien-aimé ». L'attribution de l'évangile à un Jean le Presbytre, cité par Papias et distinct du fils de Zébédée, a été défendue par plusieurs exégètes comme Jean Colson, Oscar Cullmann, François Le Quéré, Joseph A. Grassi, James H. Charlesworth, Xavier Léon-Dufour.

Tenant de la réhabilitation de la théorie de témoins oculaires ayant directement connu Jésus, Richard Bauckham reprend l'hypothèse de la rédaction du quatrième évangile par le « disciple favori » mais, bien qu'il ne lie pas ce dernier à l'apôtre Jean, ses hypothèses exégétiques et textuelles, qui soulèvent certaines difficultés dont l'absence totale de mention de ce disciple dans les synoptiques, sont vivement débattues.


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