Yeshoua / Jésus de Nazareth |
Jésus de Nazareth
En l’an 533, sous le pontificat du Pape Jean II Mercure, le moine Denysius Exiguus fut chargé de retracer la date exacte de la naissance de Jésus-Christ et, à partir de celle-ci, procéder à la datation générale de l’Histoire.
Evénement capital qui a unifié le destin des hommes car, qu’on le veuille ou non, les autres calendriers n’ont plus à ce jour qu’un usage limité, pendant que celui de "Denys-le-Petit", divisant l’Histoire en avant et après Jésus-Christ, devenait universel.
Le calendrier mosaïque qui n’attribue que quelque 5.000 ans à la vie de l’homme sur cette terre, alors que l’Homo Sapiens est déjà vieux de 200.000 ans environ, l’année de l’Hégire, lunaire, de 13 jours plus courte que la nôtre, démarrée en l’an 622 et qui ne sert plus qu’aux cérémonies religieuses de l’Islam, la tentative avortée de l’année révolutionnaire française qui n’a duré que 12 ans seulement, sont autant de confirmations indirectes que l’avènement de Jésus-Christ reste le fait fondamental autour duquel s’est construite l’Histoire.
Quant à ceux qui n’ont pas eu un lien historique ou géographique direct avec ce fait fondamental (et fondateur), comme les peuples d’Extrême-Orient par exemple, il a bien fallu qu’ils s’y réfèrent par la suite, dans la mesure où leur évolution propre les mettait en contact avec le reste du monde.
Mais Denys s’était trompé de 4 à 7 ans :
Il fit coïncider la naissance de Jésus-Christ avec l’année 754 de la fondation de Rome, alors que Hérode, l’auteur présumé du "Massacre des Innocents", est mort vers 749-750. Et comme il avait ordonné que l’on exterminât les enfants de deux ans et moins [Mt 02:16], Jésus serait né en l’an 6 ou 7 avant sa propre ère !
Sa mort, en revanche, peut être assez précisément datée du 14 Nissan (6 Avril) de l’an 30. Encore que certains auteurs penchent pour l’an 33. D’autres sont fermement convaincus que la naissance aurait eu lieu en l’an 4 av. J-C. à cause de la conjonction astrale de cette année-là : alignement inhabituel des planètes et/ou récurrence de la comète Halley, identifiée avec l’étoile des " mages."
D’autres encore soutiennent que, dans ces conditions, la mort se serait produite en 29 puisque, d’après la tradition, Jésus aurait vécu 33 ans.
La fourchette de l’âge de Jésus se situe donc entre 33 ans au minimum et la quarantaine au maximum. Les tenants du comput haut citent, à l’appui de leur thèse,cette interrogation des Juifs à Jésus :
📖 Jean 8:57
"[...] Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ?."
Ainsi, au moment où il commence sa vie publique, nous sommes en présence d’un homme en pleine maturité, dans la force de l’âge. La différence de quelques années dans les estimations ne change rien à l’importance de ce fait, c’est-à-dire l’avènement de Jésus-Christ et son enseignement qui a fasciné des millions d’hommes.
Il ne faut donc négliger aucun détail qui permettrait d’approfondir notre connaissance de cet être d’exception. Et comme cette étude traite de l’homme Jésus, on pourrait se hasarder à esquisser un portrait qui tienne compte de ce que l’on sait sur lui.
D’abord, il semble faux de dire que l’on ne connaît rien de son apparence physique. Sinon pourquoi y aurait-il cette quasi-unanimité dans la représentation iconographique ?
Le port altier, la chevelure abondante tombant sur les épaules avec une raie au milieu, la barbe bien taillée encadrant le visage, des yeux empreints de douceur et de gravité mais d’un éclat soutenu, tout cela correspond sans doute à quelques témoignages visuels, ou peut-être aussi à quelques peintures que les générations se sont transmises.
Dans la « Doctrine d’Addaï »,un apocryphe syriaque du V ème siècle, on lit au chapitre VI :
L’archiviste Hannan, qui était peintre du roi (d’Edesse), mit en peinture l’image de Jésus avec des pigments de choix et la rapporta au Roi Abgar son maître... Quand celui-ci la vit, il la reçut avec grande joie et la plaça avec grand honneur dans l’une des pièces de son palais.
Ensuite, on peut supposer que Jésus était d’une taille plus grande que la moyenne. C’est ce qu’on peut déduire de l’insistance de l’évangéliste :
📖 Luc 2:52
"[...] Il croissait en taille, en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes."
alors que, parlant de Jean-Baptiste, le même évangéliste décrivait sa croissance ainsi :
📖 Luc 1:80
"[...] L’enfant grandissait et se fortifiait en esprit."
Dans les deux cas Luc montre que ces garçons – par ailleurs apparentés du côté de leurs mères – se développaient dans la vie spirituelle, mais il n’insiste sur la taille que pour Jésus.
Côté apocryphes aussi, l’évangile arabe de l’Enfance mentionne spécifiquement que :
LIII 2
"[...] Jésus progressait en taille, en sagesse et en grâce auprès de Dieu et des hommes."
Cette affirmation serait éventuellement corroborée par les mensurations de l’homme du Suaire de Turin, quand son mystère sera éclairci, c’est-à-dire le jour où il sera enfin possible de procéder à un examen complet et objectif de cette relique.
On peut affirmer que Jésus avait une excellente santé.
Il est frappant d’observer, en effet, qu’à part les fugitifs instants où il est dit qu’il a utilisé une monture (l’âne de la fuite en Égypte, juste après sa naissance et l’âne du Dimanche des Rameaux, juste avant sa mort), l’homme a marché. Marché sans répit pendant des heures et des jours et des semaines.
Si l’on s’en tient aux seuls mois de la prédication, les divers périples qui la jalonnent chiffreraient par centaines de kilomètres, puisqu’il a franchi les frontières de la Palestine de ce temps-là (Judée-Samarie-Galilée), jusqu’à Tyr et Sidon au nord [aujourd’hui le Liban], et jusqu’à la Décapole et à la Pérée à l’est [aujourd’hui la Jordanie].
Dans la Palestine elle-même, il s’est déplacé constamment dans toute la région du lac de Tibériade et entre celle-ci et la ville de Jérusalem et ses environs. Tout cela à pied, partout les climats, et le plus souvent sans abri, car :
📖 Matthieu 8:20
"[...] Les renards ont leurs tanières, les oiseaux du ciel ont leurs nids, mais le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête."
Il devait avoir également une voix forte et bien timbrée, qui a secoué les foules et dont l’écho résonne toujours. On le voit s’adressant à ces foules sur la montagne des Béatitudes, à l’intérieur d’une synagogue, sur le parvis du Temple, ou alors lui dans une barque et elles entassées sur le rivage :
📖 Matthieu 7:28-29
"[...] La foule était dans l’admiration devant son enseignement, car il les instruisait avec autorité, et non point à la manière de leurs scribes."
On le voit aussi, dans l’épisode de la tempête apaisée :
📖 Matthieu 4:39-41
"[...] Il commanda avec force au vent et dit à la mer : Tais-toi ! Silence ! Le vent tomba et il se fit un grand calme... Ils (les disciples) étaient saisis d’une grande crainte, et ils se disaient entre eux : Qui est-il donc celui-là, à qui même le vent et la mer obéissent ?"
Et puis, surtout, ce regard. Ce regard qui a bouleversé tous les hommes qui l’ont croisé. Selon Jean l’évangéliste, Simon-Pierre (lors de l’appel des disciples) fut le premier :
📖 Jean 1:42
"[...] Le fixant du regard, Jésus lui dit : Tu es Simon, fils de Jean; tu t’appelleras Céphas, ce qui veut dire Pierre."
Et d’après Luc, il fut le dernier aussi :
📖 Luc 22:61-62
"[...] Le Seigneur se retourna pour regarder Pierre. Et Pierre se souvint de la parole du Seigneur : Avant que le coq ne chante tu m’auras renié trois fois. Sortant dehors, il pleura amèrement."
Mais des quatre évangélistes, c’est peut-être Marc qui a été le plus sensible au regard. A propos des Pharisiens, il rapporte :
📖 Marc 3:5
"[...] Alors, promenant sur eux un regard attristé par l’endurcissement de leur coeur..."
et à propos de sa parenté :
📖 Marc 3:34-35
"[...] Promenant son regard sur ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères ; car celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère, qui fait la volonté de mon Père."
et à propos du jeune homme riche :
📖 Marc 10:21 & Matthieu 19:21-22
"[...] Jésus le regarda et se prit à l’aimer, ajoutant alors : Si tu veux être parfait, va, vends tes biens... et suis-moi. A ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens."
...
Ecce Homo. Voici l’Homme :
Grand, robuste, séduisant, exerçant un magnétisme certain sur les foules par sa voix et son regard ; et surtout par la force de sa parole :
📖 Jean 7:46
"[...] Jamais homme n’a parlé comme cet homme!"
Sur ses disciples, son ascendant a été tel, que ces gens d’origine modeste se sont transformés, après qu’il les eut quittés, en prosélytes irrésistibles de son message ; et, pour la plupart d’entre eux, au prix de leur vie.
Si l’on ajoute à ce charisme hors du commun les dons de guérisseur qu’on lui connaît, il devient légitime de penser que l’homme Jésus a reçu une formation, doublée d’une initiation, en tout point remarquable.
Il est difficile d’imaginer qu’une telle personnalité – encore une fois sur le plan purement humain – se soit forgée sur l’établi d’un charpentier.
Durant la vingtaine d’années que constitue la période de sa "vie inconnue", il a dû s’imbiber d’un solide enseignement, à la fois théorique et pratique.
Selon toute vraisemblance, cet enseignement lui a été dispensé par les Esséniens. De préférence à Qumran, où ils avaient leur établissement principal ; mais éventuellement, aussi, auprès de leurs communautés d’Egypte et de Syrie.
En résumé, nous pouvons dire que le profil de Jésus durant ces années décisives de sa vie, ainsi que l’environnement socio-culturel dans lequel il a baigné, nous semblent désormais plus accessibles. En tout cas, moins mystérieux que ne l’implique le silence des évangiles.
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La paix soit avec vous